Portrait : Michael Cimino, déçu de l'Amérique
Sept films en trente ans. Presque autant de chefs-d’œuvre. Michael Cimino fait partie de cette race de géants, aux côtés de Kubrick ou Malick, qui tournent peu mais accouchent presque à chaque fois d’une montagne. Le Canardeur, Voyage au bout de l’enfer, L’Année du dragon, Sunchaser… Une filmographie magnifique, fondée sur un malentendu initial et tuée dans l’œuf par une série d’échecs commerciaux cinglants, à commencer par celui, désastreux, de sa sublime et très personnelle Porte du Paradis.
Mike. C’est ainsi qu’on le prénomme lorsqu’il débute dans le milieu du cinéma. Mike Cimino. De la même génération, à quelques années près, que celle des wonderboys qui ont changé au début des années 70 le paysage hollywoodien (Coppola, Scorsese, De Palma, Spielberg…), il ne se reconnaît dans aucune école, dans aucun de ses contemporains. Son parcours est à rapprocher de ceux d’autres marginaux, avec lesquels il partage quelques points communs. On citera volontiers Jodorowski (sa date de naissance reste secrète), Kubrick (études d’architecture, et donc goût pour la composition de cadrages à la précision mathématique), Peckinpah (leur deux filmographie se rejoignent sur de nombreuses thématiques), et bien entendu Clint Eastwood. Clint, cet autre incompris, cet autre marginal du Nouvel Hollywood, qui le prend sous son aile et lui commande le scénario du second épisode des Inspecteur Harry. Après une école d’art dramatique, après quelques tournages de publicités et de documentaires, et l’écriture de Silent Running pour Douglas Trumbull, c'est véritablement avec Magnum Force que la carrière de Cimino décolle. Une écriture précise et carrée, des personnages ciselés, à la personnalité taillée dans un bloc de granit, et un savoir-faire entièrement au service de la star et du personnage qui a fait sa gloire. A qui doit-on attribuer le discours critique du film ? "Vous m’avez mal compris, les gars", lance un Harry Callahan à la face des spectateurs qui lui reprochaient son statut de flic réac. Où comment en quelques lignes de dialogue, quelques plans, Cimino (aidé de John Conan Milius) assimile à merveille une mythologie, la retournant, la brisant pour mieux la transcender.
C'est grâce à ce coup de génie que le tout jeune scénariste devient metteur en scène, acquérant
la confiance totale d'Eastwood, qui accepte de lui confier un budget de quatre millions de dollars.
Coup d'essai, et premier coup de maître, le film rapporte plus de cinq fois sa mise initiale, et
s'inscrit immédiatement comme l'une des œuvres les plus attachantes de l'acteur. Thunderbolt and
Lightfoot (Le Canardeur en français) pose les jalons d'une œuvre entièrement tournée vers l'Amérique
et les espoirs qu'elle fait naître en chacun de ses habitants. Dérive et fuite de personnages, opposition
des générations, refuge dans les rites initiatiques et religieux, regrets, etc. Mise en scène magnifique,
direction d'acteur irréprochable, sublimation totale des plans grâce à la réussite de la bande originale
- notamment la chanson Where do I go from here de Paul Williams - le film marque indéniablement la naissance
d'un grand cinéaste. Nomination à l'oscar pour Jeff Bridges, à qui Cimino demande de décoincer Eastwood sur
le plateau, afin de retrouver de façon naturelle et spontanée dans le film une véritable complicité.
Triomphe mondial pour (en apparence) petit film, redécouverte de deux acteurs incroyablement attachants,
Cimino peut s'attaquer à sa grande œuvre, il a les mains libres. Il ira, sans se freiner.
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Filmographie :
1972
Silent Running
(Scénario)
1973
Magnum Force
(Scénario)
1974
Le Canardeur
(Collaboration au scénario, réalisation)
1978
Voyage au bout de l'enfer
(Collaboration au scénario, réalisation, production)
1979
The Rose
(Collaboration au scénario - non crédité)
1980
La Porte du Paradis
(Scénario, réalisation)
1981
Les Chiens de guerre
(Collaboration au scénario - non crédité)
1985
L'Année du dragon
(Collaboration au scénario, réalisation)
1987
Le Sicilien
(Production, réalisation)
1991
La Maison des otages
(Production, réalisation)
1996
The Sunchaser
(Production, réalisation)
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